Excursions des[calés] 44

Comment les pratiques associatives impriment-elles des nouvelles dynamiques urbaines ?

Depuis la promulgation, à l’initiative du Nantais Pierre Waldeck-Rousseau, de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association, le mouvement associatif en Pays de la Loire est reconnu pour sa grande richesse, sa dynamique sociale et son développement. Quel que soit leur domaine d’activité (sport, culture, loisirs…), les associations jouent un rôle prégnant d’animation de la cité, de développement du lien social et d’expression d’une citoyenneté vivante et active, engageant des dynamiques nouvelles en résonance avec les attendus citoyens en quête d’appropriation.

Comment les associations peuvent-elles initier une dynamique de réflexion de l’environnement urbain ?

Elles préfigurent des formes urbaines renouvelées qui s’organisent non plus uniquement à partir de la décision politique mais aussi à partir des dynamiques collaboratives du tissu associatif vigilant à l’émergence de l’esprit des lieux dans lesquels ils s’inscrivent.
Les acteurs de la vie civile fédérés en association investissent des espaces hybrides, qu’ils rendent flexibles et transversaux.
En devenant les acteurs actifs d’une culture urbaine en mouvement, transversale et polymorphe, ils initient de nouveaux rapports à la cité marchande en intégrant des modes de contributions ouverts, solidaires, aux économies créatrices. Ces dynamiques associatives fabriquent des territoires où la question de la flexibilité des usages, du lieu occupé, de la mise en réseau illustrent une autre possibilité pour renouveler la ville sur elle-même. Ils produisent parfois des architectures physiques et virtuelles, partagées, constituant des territoires d’inventions. Ils génèrent des nouvelles logiques de stratifications des savoirs, de communications et d’usages qui laissent transparaître que la cité ne se fabrique pas uniquement par du marketing urbain et architectural. Il pose la question du droit à l’ingérence sur l’espace partagé contrôlé par les institutions. L’esprit de la cité de l’agora peut-elle se renouveler au travers de ces dynamiques urbaines, voire se compléter ?

Comment poser la question de ces usages singuliers et de leurs capacités à transformer les processus de production du territoire pour le rendre plus mobile, inventif et solidaire ?

La ville de Nantes semble le creuset de cette révolution culturelle qui fabrique des typologies et prototypes urbains et architecturaux. Renouvelée dans les années 90 avec le Festival des Allumés créés par Jean Blaise, cette nouvelle émergence collabore avec force, entre les émetteurs institutionnels majeurs et visibles, qui portent le rayonnement au niveau national voire international et la sphère associative plus diffuse, parfois concentrée dans les quartiers historiques de renouvellement, où se jouent les autres dynamiques de production de la ville. L’économie singulière de cette strate d’activité, contraint par les enjeux qu’elle porte, à mettre en oeuvre des stratégies urbaines complexes qui autorisent leur inscription économe dans une ville naturellement portée vers le profit.

Au travers d’une exploration urbaine surprenante, transversale dans le quartier Madeleine Champs-de-Mars, nous avons tenté de comprendre les processus en marche, le jeu des acteurs, les relations entre espaces et usages, entre formalisations spatiales et dynamiques contributives. L’exploration urbaine s’est poursuivie jusqu’aux nefs, où nous avons tenté de savoir comment, entre utopie et obstination, prennent corps physiquement ces «nouveaux modes», dans l’espace urbain et économique traditionnels.

Lors de cette journée, nous étions accompagnés de Jean-François Revert, urbaniste de la ZAC Madeleine Champ de Mars, Jean-Yves Petiteau, sociologue et de Patrick Bouchain, architecte et enseignant depuis des années une architecture H.Q.H (Haute Qualité Humaine).
Les visites de bâtiments étaient guidées par Mathilde Gay (Pol’n), Marie-Pierre Caron Beillevaire (Galerie RDC), Pierrick Beillevaire (agence In Situ a&e) Agnès Barré (Galerie Paradise), Jacques Rivet (Galerie entre 2), Collectif Fil (La Nizanerie), Vincent Priou (Trempolino)
La table ronde s’est déroulée avec les acteurs locaux : Miles Mckane (association MIRE), Julien Perraud (agence RAUM), Barbara Monbureau (association Les Amis du Transformateur), Marie Roland et Laure Poirier (association La LUNA).