Expé 2020#3 – Doulon-Gohards, la ville fertile
À l’heure où les villes se développent, elles réécrivent des pages entières de leur histoire urbaine et tentent de relever les défis écologiques, sociaux, démographiques (etc) que l’évolution de notre société impose.
Les territoires en devenir sont désignés ZAC, éco-quartier… et ce qu’il en résulte d’une région à une autre, d’une ville à une autre, se ressemble sans que le site d’origine ne vienne perturber ce processus d’écriture.
Le quartier Doulon-Gohards est une belle occasion de poser la question de la ville autrement.
Histoire des sols, histoire des gens
Ce territoire porte une nouvelle philosophie de ville qui impose un travail préalable et simultané de connaissance, d’expertise(s) puis de stabilisation afin de faire émerger le projet urbain.
Le cahier des charges de la construction et des aménagements est élaboré en lien étroit avec le lieu d’origine afin que l’on «habite à Gohards, partout comme nulle part ailleurs».
Il faut donc inventer en révélant ce qui est déjà là.
De l’Histoire aux fragments(s)
La transformation d’un quartier constitue un moment charnière dans l’évolution d’une ville. À la fois pour les habitants du lieu mais également pour la Ville avec un grand V, qui à travers ces évolutions, affirme un peu plus les valeurs qu’elle souhaite incarner.
Chaque époque, soulève des questions inédites face auxquelles il nous faut inventer de nouvelles manières de «faire la ville».
Faire la ville c’est donc inventer «l’habiter» au sens large, avec les institutions mais aussi les voisins d’aujourd’hui pour accueillir les habitants de demain.
L’exemple du quartier Doulon-Gohards permet d’illustrer ce que peuvent être ces inventions quotidiennes et nécessaires… Nous nous attarderons sur la rencontre de l’agriculture avec la ville, mais aussi sur la manière d’assembler les compétences et les expertises de chacun autour de la fabrication de la ville.
Si l’on veut faire de la ville un espace partageable, paisible et de qualité collective : cessons d’invoquer les mots et les discours, mettons-nous autour de la table et fabriquons-la !
Tels sont les mots de Pierrick Beillevaire, architecte et maîtrise d’œuvre du projet urbain Doulon Gohards (avec l’agence de paysage Bruel Delmar).
La ville n’est certes pas l’apanage de l’urbaniste ou des pouvoirs politiques. Il est nécessaire que chaque acteur du projet se confronte à d’autres expertises. Cette posture de projet proposée par l’agence In Situ AC&V, modifie la manière de travailler de chacun.
Ainsi, en plus des 6 Fragment(s), l’armature du projet urbain se décline en 4 champs d’expertise, tous indépendants mais liés par un objectif commun : une autre manière de faire la ville.
> le juridique
> la nature/paysage
> la construction
> la médiation
Les métiers de la ville
[LE JURIDIQUE]
Les métiers du juridique permettent de porter le projet urbain (experts géomètres, juristes, notaires…) et dans le cas de Doulon Gohards, de mettre en place d’un cahier des charges contenant :
– les invariants d’un dispositif urbain (masterplan)
– les inventions du projet
[LA NATURE PAYSAGE]
Lien vers l’atelier Bruel Delmars
Lien vers l’agence CLAAS
1- Faire des contraintes environnementales des atouts pour le projet et s’appuyer sur l’eau, marqueur de territoire dans la conception et le développement du projet urbain.
ex : tracé des ruisseaux de l’Aubinière et des Gohards, inondabilité liée à la Loire au sud.
Parcours de l’eau comme support de biodiversité, les reliefs, l’écoulement des eaux de pluie…
2- L’existant et son prolongement.
-Travailler les interactions ville/agriculture
«faire entrer en interaction les constructions urbaines et les pratiques culturales»
– Espaces verts, publics et cheminements sont tous collaboratifs de la maille du masterplan
ex : se connecter aux espaces verts ouverts existants, s’appuyer sur les tracés existants, révéler les chemins de désir et boisements existants…
– Valoriser les jardins familiaux…
[LA CONSTRUCTION]
Lien vers In Situ AC&V
1- Une architecture de situation
L’architecture est un jeu des inventions et des contraintes, intrinsèquement liée à son site.
Dans cet exercice de conception, il est nécessaire que chaque architecte appréhende individuellement la dimension collective de chaque architecture, celles-ci n’étant pas autarcique mais connectées de plusieurs manières à ce qui les entoure : d’autres bâtiments, le projet urbain, ses usagers, à des questions logistiques et sociétales telles de la gestion des places de parking, le voisinage…
2- «Partout comme nulle part»
Doulon-Gohards est fait de plusieurs territoires de caractère, nommés ici Fragment(S) par l’agence In Situ AC&V.
Chaque fragment est identifiable par sa situation, son environnement, son caractère et doit permettre de renouveler l’habitat de telle sorte qu’à Doulon Gohards, “on habite partout comme nulle part ailleurs”.
1- La ville, expression du collectif
Il s’agit de veiller à ce que le collectif soit une ressource de projet et que ce projet soit l’expression du collectif.
L’équipe à l’oeuvre s’engage alors à créer des situations, des contextes où les habitants auront la possibilité d’inventer et de prendre possession des lieux, de conjuguer leurs modes de vie…
Cet exercice implique d’une part de laisser de la place pour ce qui sera inventé demain, et d’autre part que le politique trouve lui aussi comment abandonner l’idée d’une gouvernance absolue.
Il convient alors de se munir des outils (cahier des charges du projet urbain, masterplan) et des experts (architectes, paysagistes, gestionnaires…) qui permettront d’accompagner et de formaliser ces inventions collectives.