Les chroniques de l’ardepa #8
L’architecture dessinée
Stéphanie Dadour, après avoir constaté que les outils numériques se sont progressivement imposés aux dépens du dessin au rapidographe et au lavis, s’interroge sur la nécessité de réinventer de nouveaux modes de représentation imagés au service des architectes.
L’intérêt du dessin d’illustration est alors d’offrir, à côté des modélisations 3D, une « liberté d’interprétation du projet (…) qui suggère une histoire, un storytelling » pour permettre à l’architecte de « vendre » une idée en simplifiant la lecture.
>> archiSTORM, 8,90 euros, novembre-décembre 2015, pp. 112-116
Comment parler d’architecture ?
Décidemment, il a l’art de poser les questions qui fâchent ! Après un ouvrage où il interrogeait le passé politique trouble de Le Corbusier, François Chaslin interpelle tous ceux qui ont pour vocation de parler d’architecture. Il part d’un constat : « le public est à l’égard de l’architecture comme une femme : réservé, pudique, mais empli d’un désir refoulé ». Fort de cet état de fait rassurant, il affirme que les architectes ne sont pas les mieux placés pour répondre à cette demande car ils « parlent avec leurs codes verbaux, leur jargon, leur élément de doctrine, leurs échafaudages de notions qui font un certain effet au gueuloir des confrères, entre soi, mais qui parfois passent moins bien dans le public. ».
Alors, les critiques peuvent-ils répondre aux interrogations du public ? La réponse de François Chaslin est nuancée : oui, à condition d’être pédagogue plus que démagogue puisque « la critique est alors évaluation, situation de l’œuvre à un moment historique et parmi les débats qui lui sont contemporains… ».
>> d’a, 12,00 euros, octobre 2015, pp. 44-45
Architecture du grand âge et de la dépendance.
Compte-tenu de l’augmentation de l’espérance de vie, le dossier que consacre la revue « d’a » à l’hébergement des personnes âgées est le bienvenu.
Le modèle qui s’est progressivement imposé en France est celui de l’Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Le succès de la politique du maintien à domicile a conduit les pouvoirs publics à prévoir l’accueil d’un nombre croissant de gens qui, rattrapés par l’âge et la maladie, ont perdu leur autonomie. Il a donc fallu, et il faudra de plus en plus, implanter de nouvelles résidences et mettre aux normes les anciennes. Publics ou privés ces établissements conventionnés répondent à des normes drastiques (sécurité, tenue au feu, évacuation…) qui s’ajoutent aux dispositions propres aux personnes à mobilité réduite. Leur conception laisse donc peu de marge de manœuvre aux architectes.
Cependant la présentation de différentes réalisations démontre qu’il est possible de concevoir des bâtiments fonctionnels qui puisse s’intégrer dans le tissu urbain et social existant en offrant aux résidents et aux personnels les meilleurs conditions de vie et de travail possibles. C’est le cas de la Fondation Roguet à Clichy-la-Garenne qui, avec sa forme elliptique, affiche clairement sa spécificité architecturale mais vise aussi à réduire les distances à parcourir et à supprimer les culs-de-sac (Philippe Jeger et Philippe Merle architectes).
Partant d’une ancienne clinique construite dans les années 1970 et de pavillons voisins rachetés par le groupe Orpea, Lankry architectes ont conçu un ensemble architectural qui, à la manière d’un puzzle, permet de mettre l’établissement aux normes tout en respectant le contexte mythique des bords de Marne.
Le projet Homefarm, imaginé par l’agence britannique Spark, propose aux retraités singapouriens de condition modeste de consacrer une partie de leur temps à la production agricole au sein même d’un établissement qui prétend être une réponse aux défis démographiques et écologiques auxquels l’île est confrontée.
Les eaux usagées sont récupérées pour alimenter des cultures hydroponiques installées sur les terrasses. L’eau filtrée par la terre alimente des poissons dont les déjections servent d’engrais pour les plantations… Le « Meilleur des mondes » pour une nouvelle classe ouvrière du troisième âge !!!
L’ensa Nantes
Pour présenter « l’école de Nantes », Juliette Pommier, part du constat qu’ont pu faire tous ceux qui la connaissent : « c’est un lieu qu’il faut apprivoiser, que l’on apprend progressivement à s’approprier. » La complexité structurale du bâtiment de Lacaton et Vassal implique en effet de la part des utilisateurs un effort pour « intérioriser ses logiques… Identifier ses marges, ses imperfections. » mais c’est d’abord un outil pédagogique performant qui offre aux enseignants et aux étudiants de multiples possibilités pour leurs travaux.
Cet article est l’occasion de donner un aperçu des différents parcours de formations proposés et de démontrer, exemples à l’appui, que cette école est fortement inscrite dans le territoire de la ville de Nantes tout en signalant le rôle non négligeable joué par les associations qui agissent en son sein et tout particulièrement de l’Ardepa…
>> archiSTORM, 8,90 euros, novembre-décembre 2015, pp. 108-111
Saint-Nazaire, Le Havre… à la redécouverte des villes reconstruites après la guerre
Le colloque qui s’est tenu à Saint-Nazaire les 6 et 7 octobre a été l’occasion de s’interroger sur le regard que nous portons aujourd’hui sur ces villes qui ont été rasées par les bombardements alliés et les combats de la Libération puis reconstruites dans l’urgence de l’après-guerre.
Dans une interview accordée à la revue « Place Publique », l’adjointe au maire de Saint-Nazaire, Laurianne Deniaud, parle d’un centre-ville en voie de paupérisation qui a pourtant des qualités. Les appartements, bien que vieillissants et mal isolés, sont lumineux et offrent des volumes généreux. Les photos qui illustrent cet article mettent en valeur un certain nombre de bâtiments modernistes aujourd’hui identifiés comme remarquables : la Gare, le Palais de justice, l’Hôtel de ville…
L’obtention par Saint-Nazaire du label « Ville d’art et d’histoire » devrait aider les Nazairiens à prendre conscience de la valeur de leur patrimoine. C’est chose faite au Havre puisque cette ville, elle aussi reconstruite après la guerre, a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005.
La revue IDEAT, pose d’ailleurs une question provocante, « Le Havre, ville idéale ? », à laquelle elle répond positivement en donnant à voir la beauté du béton magnifié par Auguste Perret pour la reconstruction du centre-ville.
Le patrimoine architectural du Havre a continué à s’enrichir au fil des années avec le magnifique musée Malraux (Lagneau, Weill, Dimitrijevic, Audigier et Prouvé), l’emblèmatique Volcan (Niemeyer), l’élégant pont des Docks (Chéron et Lavigne), l’austère bâtiment de Sciences Po (Hauvette & Associés) et les Bains des Docks (Jean Nouvel).
>>Place Publique, 10 euros, n° 53 septembre-octobre 2015, pp. 139- 153
>>IDEAT, n°spécial architecture, 9,90 euros, octobre 2015, pp. 172-184
Gérard Savoye